La saison dernière, j’ai eu la chance de suivre l’équipe canadienne de ski alpin féminine sur la coupe du monde comme physiothérapeute. Je voulais donc écrire un peu sur le déroulement d'une course du monde sous mon œil de physiothérapeute ainsi que mon expérience. Je travaillais avec une équipe de ski de niveau développement, S1 racing, lors des deux dernières années ce qui m’a beaucoup aidé pour mon début sur la coupe du monde. Évidemment, le fait d’avoir été entraîneur m'a permis d’acquérir énormément des connaissances qui m’ont grandement aider aussi lors de mon arrivé sur le cirque blanc. Suivre ces athlètes de façon régulière que ça soit sur neige ou hors neige, m’a permis d’en apprendre d’avantages.
Les épreuves auxquels j’ai eu la chance de participer le plus sont les épreuves techniques comme le slalom (SL) et le slalom géant (GS). Les athlètes effectuent entre 30 et 60 virages à grande vitesse selon la discipline. C'est ce qui fait en sorte que les skieurs sont aussi soumis à de grandes forces qui peuvent durer 50 à 100 secondes. Les épreuves techniques requièrent beaucoup de précision, de mobilité et de puissance de la part des athlètes. Ils doivent avoir une très bonne préparation physique pour gérer toutes ses forces. Les athlètes ont également besoin d'une bonne préparation mentale pour pouvoir faire face à tout le stress qui vient s’ajouter à celui de l'événement qui est déjà présent et de toute la fatigue reliée au voyagement. Lors de la course, le physiothérapeute est avec les athlètes pour les aider à se préparer sur les différents plans. De plus, il doit s’assurer du support médical en cas de chute ou blessure. Je reviendrais dans un prochain texte sur la préparation avant une course plus en détail sur le plan physique et mental.
Le ski alpin fait partie des sports qui ont un haut risque de blessure, puisqu’il se fait à haute vitesse. Les chutes sont assez fréquentes et elles peuvent être assez impressionnantes. Il y a plusieurs choses à considérer le jour de l'événement pour les athlètes comme les facteurs engendrant les risques de chute. En coupe du monde, la surface du parcours est toujours très glacée pour permettre au ski de mieux réagir et donner la chance à un plus grand nombre de coureurs d’avoir une belle surface. Lorsque je dis très glacer, c’est très glacer il s’agit littéralement d’une surface injecter d’eau. Pour avoir skier les surfaces vous êtes mieux d’être excellent skieur et avoir des ski plus que aiguiser pour ne pas vous tuer juste en dérapant le parcourt. C'est là que vient le facteur de risque, car les skieurs vont encore plus vite ce qui augmente la chance de chuter à haute vélocité, et lors des chutes la surface fait mal. Êtes-vous déjà tombé sur la glace en patinant à pleine vitesse? Il ne s’agit pas d’un plaisir de la vie. De plus, lors d'une chute, les athlètes prennent encore plus de vitesse au sol rendant leur impact dans les filets protecteurs aussi dangereux. Il peut y avoir au cours de la journée une détérioration du parcours ce qui peut faire des trous et cela augmente le risque de chute. Parfois, les coureurs font face au froid ce qui peut nuire à leur vigilance lors des courses. On doit surveiller le risque d’engelure et d’hypothermie. Cela peut amener des diminutions de performances, mais aussi venir augmenter les chances de blessure. En Amérique, il faut prendre en considération cet aspect, contrairement à l’Europe, où les températures sont plus clémentes. Il y a aussi l’altitude qui peut avoir un impact car chaque personne malgré sa capacité physique peut éprouver des difficultés en altitude et ainsi nécessité une période d’adaptation. La visibilité peut aussi être un facteur de risque. En cas de brouillard, le temps d’anticipation est diminué, et bien sûr il ne faut pas oublier la fatigue, la physiologie, le stress, la condition physique et mentale des athlètes qui peuvent tous venir contribuer au risque de blessure. Je vais revenir dans un autre article comment monitorer ses facteurs pour diminuer nos facteurs de risque de blessure.
Le ski est un sport où le corps doit être capable de supporter une grande force de compression et de rotation au niveau des membres inférieurs. Donc en tant que physiothérapeute, il faut que je m’assure que l’état de l’athlète est optimal pour performer. La majorité du travail est de gérer les jours avant la course. Le jour de la course, c’est surtout d’aider à préparer les athlètes et leur donner le support et une routine dans lequel il se sente en confiance pour performer.
La journée de la course, je suis placé au départ. L’objectif est d’être présent comme support pour être sûr que l’athlète se réchauffe bien, qu’il soit mentalement bien préparé, et de lui donner les traitements nécessaires avant la course si nécessaire. En étant au départ, s’il y a un accident je peux facilement descendre en ski vers l’athlète pour l’aider. Par exemple, lors d’une épreuve de vitesse il y a une athlète qui a pris son bras dans une porte, mais elle n’a pas chuté. Par contre avec cette vitesse, son bras est partie en extension et abduction à grande vitesse lui causait une douleur à l’épaule. L’équipe médicale sur les lieux n'a pas porté assistance, car elle était fonctionnelle. L’athlète avait peur, car elle avait de la douleur à l’épaule avec une perte de sensation. En étant au départ, j’ai pu me rendre facilement à elle pour l’aider. Soyez rassurez, rien de grave ne lui est arrivé le lendemain aucun symptôme et elle était de retour en ski.
Le matin, les athlètes se réveillent et vont faire leur activation matinale où ils peuvent faire des exercices de stabilité, un échauffement sur un vélo, des exercices de mobilité et des exercices fonctionnels. Tous ses exercices ont pour but d’activer leur système nerveux, cardiaque et musculaire. Ceci peut prendre de 15 à 45 minutes selon les besoins de l’athlète. Certains vont même introduire leur exercice de réadaptation dans cette période si nécessaire. Par la suite, elles déjeunent avant de se déplacer vers la piste de course. Chaque athlète a une routine complètement différente qu’elle adapte à sa propre situation et où elle observe ses meilleurs résultats. Un peu de superstition peut prendre place ici. J’ai pu regarder des activations des skieuses comme Vhola et Shiffrin qui sont au sommet de leur art. Ces filles prennent facilement 45 minutes pour s’activer le matin hors neige. Une fois sur place elles vont aller faire de 3 à 4 descentes de ski. En général, elles font deux descentes en ski libre et deux en parcours d’échauffement selon la discipline, certaines vont même en faire plus. Moi je restais avec elles durant cette période. Par la suite, elles se rendaient au départ pour l’inspection du parcours.
À ce moment, je me rendais à la conférence médicale à l’arrivée en allant inspecter le parcours avec les athlètes. Ceci me permettait de bien prendre connaissance du terrain en cas d’accident, pour savoir comment bien me rendre à un athlète blessé et prendre connaissance des risques possibles. Lors de la conférence médicale, il nous donne des informations en cas d’intervention. Il parlait des locations des points médicaux sur la piste, ainsi que les points de sortie en cas de transport en hélicoptère. Il est parfois impossible aux patrouilleurs d'aller dans certaines sections de la piste pour se rendre à l’athlète, car la piste est trop glacée et abrupte. Il place donc leurs effectifs médicaux à des endroits stratégiques pour leur offrir le support le plus rapide et le plus efficace possible. Le médecin en chef nous donnait ses coordonnées, car tout acte sur la piste, dans l’ambulance et en hélicoptère est effectué par les médecins locaux. Il était donc très important d’avoir ses coordonnés pour savoir le plan d’action pour l’athlète en cas d’intervention. Les procédures pour plancher les athlètes en cas d’accident sont pris en charge par les patrouilleurs. Les patrouilleurs sur la piste vont prendre la décision à savoir comment évacuer l’athlète. Donc si un athlète peut être planché, une fois que l’athlète est à l’arrivée, il y a toujours une base médicale où ils prendront la décision d’appeler une ambulance pour l’envoyer à l’hôpital le plus prêt ou un hôpital qui prends les cas traumatologiques sévères.
Par la suite, tout le monde retourne au départ où il y a des facilités. C'est à cet endroit où les athlètes pourront aller manger, se reposer, se préparer physiquement et mentalement à l'abri du public. Il y en a certains athlètes qui vont décider de retourner skier. Le physiothérapeute est avec les athlètes pour les aider dans leur préparation, on peut les aider, en étant leurs supports psychologiques et pour contrôler le stress. Les athlètes vont dans les facilités mettre leur équipement de protection selon la discipline tout en continuant à visualiser leur parcours. Il a des télévisions qui diffusent la course. Les athlètes regardent souvent les premiers skieurs pour aider à la visualisation du parcours, mais aussi pour se mettre en mode course. Une fois prêtes, elles vont se déplacer au départ voire leurs techniciens qui les attendent avec leur ski déjà prêt. Les skis, sont préparés la veille en fonction des tests qu’ils ont effectués dans les entraînements en fonction des conditions de la neige et de la température.
Au départ, le physiothérapeute aide les athlètes dans leurs préparations avant la course. Souvent, un entraîneur est présent pour s’occuper du rapport de parcours, mais le physio peut le faire si aucun entraîneur n’est présent. Il faut s’assurer d’avoir des pièces d’extra comme différentes lentilles pour leur lunette, de l’eau, des élastiques pour faire des exercices avec eux et du taping dernière minute. Une fois la course commencée, on essaie de rester en contact avec les entraîneurs en cas d’accident. Le physio au départ va aussi aider les techniciens et coachs pour savoir quand bien préparer l’athlète. Il est important de ne pas rentrer dans la bulle des athlètes à ce moment-là, car certains ont besoin justement d'espace et d'être seul pour visualiser et bien se préparer. Chaque athlète a une préparation totalement différente. Certains vont vouloir faire plus de descente de ski, et il y en a qui ne veulent pas avoir de contact social avec personne. Il y a des coureurs qui ne voudront pas de rapport sur la course et il en a d’autres qui veulent être décontractés, certains veulent se faire motiver au départ, d’autres veulent un silence complet. Bref, chaque approche est différente à chaque athlète, montrant l’importance de bien connaître nos athlètes.
Ce qui rend les coupes du monde excitantes selon moi est d’avoir les télévisions au départ où l’on peut regarder nos athlètes performer. Un peu comme un technicien qui regarde leurs coureurs dans une course en formule 1 sur leur écran. On voit la majorité de l’équipe de l’athlète, une fois l’athlète partie en parcours, courir à la télé encourager leur athlète. Je dirais que ça rend l'événement encore plus engageant. Par la suite, on attend de voir si les athlètes se classent pour la 2e descente en SL et GS, ce qui rajoute souvent beaucoup d’excitation quand une athlète est proche du top 30.
Si les athlètes se classent dans le top 30, on descend à l’arrivée faire un compte rendu sur la première descente et commencer les préparatifs pour la 2e descente. Les athlètes retournent inspecter le 2e parcours qui est souvent modifié après la première manche. Le plaisir commence, car la tension monte et les attentes montent aussi du point de vue des athlètes et des entraîneurs. Les mêmes préparatifs d’avant course sont effectués pour la deuxième manche. Une fois l’athlète dans le parcours les équipes courent encore vers les téléviseurs où on peut sentir encore plus d’excitation de tout le monde. Il est excitant de voir un athlète qui a fini 25e monter à la 12e place, car il reste longtemps leader. Je me rappelle à Zagreb quand Laurence St-Germain avait fait une 2e descente du tonnerre ou elle était montée d'environ 10 positions au classement. Après à la course, on rejoint les athlètes dans la zone d’arrivée ou on leur amène l’équipement qu’il avait laissé au départ.
Évidemment, selon les résultats de chaque athlète et de leurs vies émotionnelles, ils coursent de différentes façons, alors nous sommes donc, là comme support. Par la suite, on repart à l’hôtel. Il y a deux choix qui s’offrent à nous soit que l'on reste à l’hôtel ou que l'on parte immédiatement. Si on reste, on va aller à la salle d’entraînement faire la session de récupération. Si l'on part, ce qui est majoritairement le cas, on doit remplir les vannes avec tout l’équipement, c'est un vrai jeu de Tetris, ça, je vous le garantis. Et on part en voyage pour la prochaine destination. Maintenant, je comprends pourquoi on appelle ceci le cirque blanc. Les équipes arrivent, font leur spectacle et repartent aussi vite qu’elles sont arrivées pour déjà se préparer à la prochaine course. Ceci conclut la journée sur une coupe du monde.
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